• Après la première interview et la deuxième interview d’Eiichiro Oda voici l’avant-dernier entretien de l’auteur de One Piece, issu du journal Nikkan ONE PIECE Shinbun (週刊ONE PIECE新聞).

     

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    Pour vous remettre dans le contexte : depuis le 22 novembre dernier est publié chaque semaine le journal Nikkan ONE PIECE Shinbun (週刊ONE PIECE新聞, à l’initiative de Nikkan Sports). Pendant 1 mois, ce journal spécial One Piece a proposé 28 pages couleurs regroupant actualités, informations exclusives ou encore des interviews des acteurs phares de la série de manga la plus vendue au monde.

    Gomu Gomu no… troisième interview :

     

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    PREMIERE PARTIE – INTERVIEW D’EIICHIRO ODA, NUMERO 3 (page 2)

    - Dans une interview au moment de la sortie officielle de « Strong World » en 2009, vous aviez dit que vous considériez l’animé comme un rival.

    – Noboru Koizumi, le character-designer dessine un Chopper super adorable. C’est la doubleuse Ikue Ôtani qui interprète le personnage. Il est à croquer, non ? On a commencé à me dire que l’animé était plus mignon que l’œuvre originale. Ça m’a embêté !! J’ai horreur des mascottes, alors j’essaye de limiter cet effet ! Mais l’animé ayant déjà pris ce cap, je me suis dit que je n’avais pas le choix, et j’ai levé l’embargo des mascottes ! J’ai fait en sorte de rendre le dessin de plus en plus mignon. Je déteste ça, moi, les personnages qui flattent les lecteurs. Mais bon, finalement, il n’était pas question de s’orienter vers un style « petites histoires de Chopper » ou encore vers un Zorro qui fait rêver, donc ça ne m’a pas dérangé de fléchir un petit peu.

    À présent, vous avez toujours le sentiment que l’animé est votre rival ?

    – Oui. C’est le cas, mais c’est également un solide allié dans de nombreuses situations. Par rapport au manga d’origine, l’animé permet d’éclairer des points qui n’avaient pas été suffisamment traités, de montrer les choses de façon plus simple… D’un côté, je me dis que c’est une bonne chose, mais de l’autre, ça me fait aussi mal au cœur. Mais au final, l’animé qui parvient à faire ce que moi, je n’avais pas réussi à faire, constitue une grande stimulation pour m’améliorer.

    - Mayumi Tanaka, qui interprète le rôle de Luffy a dit : « Oda dessine certainement en s’inspirant de nos voix. »

    Ha ha ha ha… Bien sûr, évidemment ! (rires) C’est vrai. Quand je dessine Luffy, je n’entends que la voix de Mayumi. C’est exactement ça. Je ne sais pas pourquoi, mais ils sont vraiment comme les personnages. Je ne sais pas s’il y eut un phénomène d’adaptation d’un côté ou de l’autre ou bien si c’est un hasard complet, mais les doubleurs et leurs personnages ne font qu’un. Mayumi ressemble vraiment à Luffy. Et Hiroaki Hirata ressemble vraiment à Sanji. Il a aussi la classe même quand il se tait ! Et ce n’est qu’un exemple. Kazuya Nakai est également de plus en plus doué comme Zoro… Les doubleurs et les personnages se confondent parfaitement. (rires)

    - Hirata nous a demandé de vous confier son souhait que Sanji redevienne aussi classe qu’autrefois.

    – Dans, ce cas, il va falloir qu’il change, lui aussi. (rires)

    - Selon lui, le point fort de Sanji était de partir d’une blague pour devenir sérieux tandis que dorénavant, c’était plus souvent l’inverse. Qu’en pensez-vous ?

    – Je viens de dire qu’il fallait qu’il change ! (rires) Ah là là, c’est un personnage très apprécié, ce Sanji, hein… Bon, je vais voir ce que je peux faire, dans le manga. (rires)

    - Cette année, ça fera 15 ans que One Piece existe. Le film et l’exposition se sont succédés cette année, pouvez-vous nous récapituler tout ça ?

    – Pfiuuh… Tout est allé si vite. J’ai l’impression que les fêtes de fin d’année 2011 viennent à peine de passer. C’est comme si une année s’était écoulée en un instant. C’était à la fois super riche, mais j’ai le sentiment de ne me souvenir de rien. Oui, je serais incapable de dire exactement ce qu’il s’est passé mois par mois.

    - L’exposition a attiré des foules de fans, qui ont été émus jusqu’aux larmes de pouvoir profiter des planches originales du manga, c’était très impressionnant.

    – Vraiment ? Ça me donne envie de pleurer à mon tour…

    - En voyant toutes vos planches exposées, certains nous ont confié leur envie de devenir mangaka de shônen. Comment expliquez-vous un tel engouement ?

    – Pour moi qui ai toujours visé les parutions dans les magazines de shônen, ça me semble une évidence. Je sais que de nombreux adultes me lisent, mais si on ne cible son dessin que pour un public adulte, on exclut d’emblée les enfants. J’ai toujours eu conscience que lorsque les lecteurs adultes finissent par se lasser, le lectorat enfantin reprend toujours le flambeau, c’est cyclique. Si je ne m’étais adressé qu’aux adultes, je n’aurais fait que me fermer des portes. Pour viser la durée, il faut toujours s’adresser à la jeunesse. C’est ça, mon boulot.

    - Qu’est-ce qui vous fascine dans le shônen-manga ?

    – C’est cette excitation que je ressentais en étant enfant, le fait d’attendre impatiemment la sortie du Shônen Jump, chaque semaine. De l’acheter et d’avoir tellement hâte de le lire que je le terminais déjà avant d’arriver à la maison. Enfin ça… ça n’a pas tellement changé… Ça n’a pas de prix de faire un métier comme celui-ci où l’on peut divertir les gens. Le plus important pour moi, c’est que les enfants puissent se trouver des amis grâce à moi. C’est pour ça que je souhaite être lu par le plus grand nombre de personnes possible. Afin de relier tous les enfants. C’est ça la vraie force du Shônen Jump ! Quand je pense au nombre d’amitiés qui ont pu naître grâce à ça, je me dis qu’il joue un rôle véritablement important pour les relations sociales des enfants. C’est pour cela que les thèmes des œuvres ne sont pas engagés, mais rassemblent les enfants autour de joies communes. Et vendre un magazine qui porte cette ferveur collective, c’est inestimable.

    - Que vous êtes-vous imposé afin de poursuivre votre carrière le plus longtemps possible ?

    – De toujours m’adresser aux enfants. On m’a dit de m’adresser davantage aux adultes, de proposer des histoires d’amour pour le public féminin, mais ça ne serait plus du shônen. N’écouter que les opinions des jeunes sans avoir besoin de suivre les autres échos. De toute façon à partir du moment où on fait plaisir aux jeunes, on renonce à faire plaisir aux vieux. (rires)
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    DEUXIEME PARTIE – INTERVIEW D’ EIICHIRO ODA, NUMERO 3 (page 4)

     – Pourquoi êtes-vous devenu mangaka ?

    – Mwouahah (rires). Pour commencer, j’aime dessiner. Ensuite, j’admirais les adultes qui savent dessiner, tout comme j’admirais les adultes qui dessinent des supers mangas, je me suis donc tourné vers le « jump » qui possède des lecteurs dans tout le pays, et puis j’admire un certain Akira Toriyama, alors je me suis dit, pourquoi pas moi ? Tout simplement, je pense que j’étais un gamin avec ce genre de tempérament. Les enfants aussi ont leur caractère, quand ils voient un spectacle de magie il y’en a qui pensent « Ouah ! Trop bien ! », pendant que d’autres penseront « Moi aussi je veux le faire ! ». Moi j’étais dans la deuxième catégorie.

    - Ne faut-il pas un talent, ou au moins une certaine capacité à savoir dessiner, quand même ? Parce que ceux qui ne sont pas doués n’y arriveront pas.

    – Les gens pas doués, ça n’existe pas. Si on a vraiment envie de dessiner, ça donnera forcément quelque chose. Même quelqu’un de nul en dessin, s’il s’entraine pendant un mois sérieusement, il deviendra de plus en plus doué. Vous savez… Je dis ça, mais ça dépend vraiment de la passion qu’on porte en soi. Les enfants qui veulent vraiment y arriver, ils y arriveront.

    - Vous disiez vouloir devenir Akira Toriyama, vous l’êtes plus ou moins devenu, non ?

    – Jamais de la vie (rires) ! Je me trouve déjà chanceux de vivre à la même époque que lui !

    - À quel moment vous vous êtes dit que vous alliez devenir mangaka professionnel ?

    – Je ne saurais pas trop le dire, je dis que je veux faire ça depuis que j’ai 4 ans. Depuis le moment où j’ai su que mangaka était un métier. Ça m’avait d’ailleurs surpris ça, des adultes qui s’amusent. Parce que quand on est enfant, dessiner c’est juste pour s’amuser, pas vrai ? Chez moi, mes parents partaient tous les matins dans leur entreprise, ils y travaillaient et rentraient. Alors quand j’ai su que des adultes étaient mangakas et restaient tout le temps chez eux… comment faire pour ne pas vouloir devenir ça ? (rires) Le hasard, c’est quelque chose qu’on ne peut faire plier, si ?

    - Mais la réalité était plus dure que ça, n’est-ce pas ?

    – Oui, mais j’aime mon travail donc ça va ! (rires)

    - Pourquoi avoir dessiné sur le thème des pirates ?

    – C’était une autre passion de mon enfance, c’était quand je regardais « Vic le Viking »* que j’ai appris que les pirates existaient. J’ai toujours eu l’impression que partir en mer, ça avait l’air marrant. Je n’ai aucun mauvais souvenir de la mer. Comme j’ai été élevé à la montagne à capturer des scarabées, j’étais plein d’espoir et de rêves quand on me parlait de la mer. J’étais persuadé qu’il y avait encore des pirates ! Sûrement parce que je les adorais quand j’étais petit. Alors que c’est du passé, pas vrai ? Ils appartenaient à l’Histoire, ce n’était pas des extra-terrestres. Je crois que ce qui me plaisait le plus c’était qu’ils ne gagnaient pas à chaque fois. C’est bizarre qu’il n’y en ait pas eu avant dans le « jump » des histoires de pirates. Parce que les pirates ne tiennent pas en place comme l’énonce le titre du magazine. J’étais obligé d’en dessiner, du coup ! (rires) C’est à cause de cet étrange magazine que j’ai voulu tenté ma chance…

    - Vous aimez beaucoup les films, à commencer par le traditionnel « Jirochô Sangokushi » ou encore « Ninkyo ». Quelles ont été vos influences ?

    J’adore les films. J’aimerais en voir plus. Et je pense avoir été énormément influencé. Tellement que je n’ose même pas compter les références que j’ai faites, je ne saurais pas dire lesquelles ni où elles sont. Par exemple, j’ai beaucoup dessiné sur la loyauté tirée de « Ninkyo ». Je pense que je n’en étais même pas conscient physiquement ou moralement. Je ne dis pas que certaines de mes répliques me vienne de ces influences, mais, ce genre de sentiment me touche tellement, que je me voyais mal ne pas les intégrer.
    * NDT : Série télévisée d’animation en co-production autrichienne-allemande-japonaise en 78 épisodes de 22 minutes, créée par Runer Jonsson et produite par les studios Nippon Animation, Taurus et Zuiyô Eizô entre le 3 avril 1974 et le 24 septembre 1975 sur Fuji Television.


    Un grand merci à Julia et Anaïs de BLACK STUDIO pour la traduction !

     

    Et en bonus quelques images du journal One Piece numéro 3 :

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